Moïse Maïmonide ou Rabbi Moshé ben Maimon est l’un des plus grands penseurs juifs du Moyen-Age, qui a cherché à concilier la pensée d’Aristote et la révélation biblique.

 Grand intellectuel juif de la Méditerranée, sa pensée enrichie des cultures grecques, musulmanes et chrétiennes a influencé beaucoup de philosophes ou théologiens, notamment Saint Thomas d’Aquin, Albert le Grand ou Spinoza, en Occident et en Orient.

Né à Cordoue en 1135 et mort en Egypte en 1204, sa vie bouleversée par les persécutions traverse la Méditerranée. 

À la suite de l’arrivée au pouvoir en Espagne des Almohades, les juifs et chrétiens sont contraints de se convertir ou de s’exiler. La famille de Maïmonide, rabbin de père en fils, choisit de s’exiler, d’abord à Fès, puis en Palestine et enfin en Egypte où il devient le chef de la communauté juive. Il est aussi médecin, soignant toutes les confessions. Il deviendra le médecin du sultan fatimide du Caire, attirant les critiques de certains juifs qui l’accusent de soutenir les intérêts musulmans. 

Ses œuvres majeures sont le Livre des Commandements qui est le socle de la loi rabbinique et le Guide des Egarés, ouvrage de philosophie juive. Dans ce dernier, écrit en arabe (qui est la langue intellectuelle de son époque), il s’adresse aux « égarés », ou aux perplexes, c’est à dire à ceux qui sont paralysés par les contradictions entre leur cheminement rationnel et leur foi. 

La plupart de ses ouvrages sont écrits en Arabe puis traduits en hébreu. Inspirée par les philosophes arabes comme Avicenne ou Averroès, sa réflexion représentera un pont entre les Arabes et l’Europe chrétienne. 

Il écrivit une intense correspondance avec les communautés du monde entier. Il fut notamment en lien avec des savants juifs de Marseille qui initièrent le projet de traduire les ouvrages de Maimonide en hébreu (https://www.persee.fr/doc/rjuiv_0484-8616_1888_num_17_33_6562) et défendirent son approche libérale et philosophique combattue par certains orthodoxes. 

« L’objet de ce traité est d’éclairer un homme religieux qui a été élevé dans la foi à la vérité de notre sainte Loi, qui en remplit consciencieusement les prescriptions morales et religieuses, et qui en même temps est compétent dans le domaine philosophique. La raison humaine l’attire et il voudrait demeurer dans sa sphère. Il éprouve de la difficulté à accepter comme juste l’enseignement basé sur une interprétation littérale de la Loi et spécialement celle que lui-même et d’autres font dériver des homonymes, des métaphores ou des expressions hybrides. Il se trouve alors égaré dans la perplexité et l’anxiété. S’il se laissait guider seulement par la raison et s’il renonçait à ses vues précédentes qui sont basées sur ces expressions, il penserait avoir rejeté les principes fondamentaux de la Loi; et même s’il retient les opinions issues de ces expressions, et si, au lieu de suivre sa raison, il abandonne en même temps ce guide, on s’apercevrait encore que ses convictions religieuses ont subi une perte et un dommage. Et il se retrouve alors avec ces incertitudes qui donnent naissance à la peur, à l’anxiété, à une inquiétude constante et à une grande perplexité. »

Sur sa tombe à Tibériade on peut lire :

« MiMoché ad Moshé, Lo Kam kéMoché »

« De Moïse jusqu’à Moïse, il n’y eut personne comme Moïse. »

A Montpellier, a été créé en 2000 l’institut Maïmonide-Averroès-Saint Thomas d’Aquin, notamment par le grand rabbin de France René-Samuel Sirat mort en 2023. Acteur du dialogue interreligieux, ce dernier avait participé à la deuxième rencontre pour la paix à Assise en 1993 avec Jean-Paul II.

C.D.